lundi 16 juillet 2012

Senor Balanciaga

Il y a quelques mois, lors de mon stage de stylisme, la prof, pressentant mon goût pour les lignes, m'avait recommandé de m'intéresser au couturier espagnol du début du 20e siècle : Cristobal Balanciaga.

Et, heureux hasard, le Musée Galliera, Musée de la Mode situé à Paris, proposait alors (et ce, jusqu'au 8 octobre 2012) dans le cadre d'un programme "hors les murs", c'est-à-dire installé sur le site de Docks en Seine, une exposition consacrée à Balanciaga.

Excellente occasion de découvrir l'homme et son oeuvre ! Grâce au site Auféminin.com dont j'ai repris une partie du dossier (la suite concerne la vie et l'évolution la maison Balanciaga après le décès de son créateur et est très intéressante, je vous invite à la lire  -il suffit de suivre les flèches-). Ce long article sera suivi de photos faites lors de notre visite de l'exposition mercredi dernier.

* * * * *

Maître incontesté de la mode du XXe siècle, Cristobal avait un credo : "Un bon couturier doit être : architecte pour les plans, sculpteur pour la forme, peintre pour la couleur, musicien pour l’harmonie et philosophe pour la mesure".

Un programme ambitieux, qui caractérise une vie au service du beau, privilégiant l'art de la construction et la rigueur des lignes.  


Légende photo : Portrait de Cristobal Balenciaga,
vers 1937


Une enfance en Espagne
Né en 1895 au Pays basque, Cristobal Balenciaga a consacré sa vie à explorer l’art de la mode sous toutes ses formes. Issu des rigidités formelles du XIXe siècle, il se lance très tôt dans une recherche de l’élégance moderne, dont il fait presque une religion. Il fonde à Paris en 1937 sa maison de couture au 10 avenue George V, après avoir débuté dès 1918 en Espagne, d’abord à San Sebastian, puis à Madrid et à Barcelone.

Le roi de la couture
Ses créations lui valent très tôt d’être couronné "roi de la couture parisienne". Ses clientes inconditionnelles s’appellent la duchesse de Windsor, Pauline de Rothschild, Barbara Hutton, la comtesse Mona Bismark, car Balenciaga est très vite plébiscité par les "reines du Gotha". Succès, gloire et élégance… les défilés se succèdent au 10 et ne se ressemblent pas. Le couturier invente entre autres le tailleur semi-ajusté (cintré devant, vague derrière), la robe- tunique (le principe d’une robe en deux parties qui effleure à peine la taille), puis la robe-chemise et la fameuse Baby Doll. Pourtant, après trente ans de règne, Monsieur Balenciaga décide de fermer sa maison en mai 1968.

Sortie de scène
Privilège de l’âge ou conscience soudaine qu’une autre époque se préparait et qu’il était temps de passer le flambeau ? Toujours est-il que peu après, celui qui s’était retiré dans toute sa splendeur disparaît sans bruit, comme il avait vécu. Autant le couturier avait su rechercher les privilèges de la lumière, autant l’homme préféra toujours les ombres de la discrétion.

Un exemple de style : la robe-traîne
Emblématique du style de Cristobal, la robe ci-dessus robe dont la construction est une perfection, alliance de la pureté et de la féminité, composition entre le droit et le courbe. Le détail en plus : le chignon qui reprend la forme des pans de la robe.
Une création qui permet de comprendre pourquoi les admiratrices de Monsieur Balenciaga disaient que "nul n’est besoin d’être belle pour porter ses vêtements, ce sont eux qui vous rendent sublime".
Duchesse
Manches, plissés, cols en corolle et tombés fluides… Balenciaga cultivait l’art de l’éblouissement, cet instant de grâce où soudain le vêtement prend forme, se tient, vit, devient parfait.

Telle cette robe longue, très duchesse de Windsor, avec un haut travaillé comme une petite cape de toreador. La robe est construite en fourreau, qui tombe en s'évasant pour exacerber la féminité et allonger la silhouette.


 Légende photo : Robe longue,
Balenciaga Archives Paris, 1947.

Corolle
Une robe construite en corolle, dont les fronces retiennent l’étoffe comme une tige et le jeu des rayures vient donner de la tenue.
Un look aussi féminin que rigoureux.
Légende photo : Robe Balenciaga,
L'Officiel 1951- Photo : Pottier.

Graphique
Dans ce modèle, la femme est considérée comme un tableau : son vêtement la dessine, une épure sombre qui la souligne et l'arrondit en même temps.

Image d’une féminité exacerbée par une technique donnant à celle qui porte ce modèle une allure de reine.
Légende photo : Tailleur, Balenciaga Archives Paris,
1940 - Photo : Saad.

Modern'style

La ligne droite ou courbe est la base de la signature Balenciaga. La règle d'or : rien ne doit être laissé dans l'"à peu près".

Par exemple, ce tailleur est construit comme un ensemble de volumes dont chaque millimètre travaille la ligne longue et serrée sur les jambes, douce et arrondie sur les hanches. Dans ce cas, le tailleur se fait presque aussi fluide qu’une robe.
Légende photo : L'Officiel, ensemble de 1955 - Photo Pottier.

Opalescence

Une robe du soir à la ligne majestueuse.
Le décolleté est travaillé comme un plié un peu raide et le corps du tissu tombe en traîne naissante. Le blanc légèrement cassé brille et entoure la femme qui porte ce modèle d'une lumière opalescente. Du grand art !

Légende photo : Balenciaga Archives Paris,
1954 - Photo : Kublin.

Ondine
Longue robe aux broderies en forme de multiples coquillages, qui rappellent les dentelles des mantilles. Ce modèle en fourreau avec effet d’écailles transforme la femme qui le porte en Ondine glamour.
L’effet de rayures est adouci par les volutes du dessin et la rigueur de la ligne par l’arrondi du col.
Légende photo : Robe de dîner Balenciaga,
L'Officiel 1938 - Photo : Laure Albin-Guillot.

Qu’était le style Balenciaga? Ou plutôt que n’était-il pas ? Monsieur Balenciaga refusait le négligé mais plébiscitait la rigueur ; il détestait la provocation mais aimait l’audace ; il abhorrait l’ostentatoire mais revendiquait l’allure.

Son style prônait avant tout l’élégance. Il osait la couleur et s’amusait avec les chapeaux et les multiples détails de finition, car rien ne lui semblait accessoire.

Témoin, cet ample manteau de soirée en faille de soie à col boule s'enroulant comme une cape, qui donne une allure royale. Une des signatures de la maison : l'élégance qui a l'air d'être improvisée et qui est en fait très travaillée.
Légende photo : Balenciaga Archives Paris,
1962 - Photo Kublin.

Volutes
Une allure, une robe, des broderies : la démonstration en image de l’art de l’élégance signé Balenciaga.
Le vêtement est pensé dans son attitude, il vient orner et souligner le corps, sans le dévoiler.
Il est à la fois souple et ultra dessiné.
Légende photo : Robe d'après-midi Balenciaga,
L'Officiel 1938 - Photo Eugène Rubin.

Infante
Balenciaga adorait les manteaux qu’il traitait comme des capes ou des robes.
Influence de l’Espagne et des grands drapés de reines ou des habits religieux.

Témoin, cette longue cape qui tombe en traîne avec sa coiffe comme une auréole.
La silhouette est ourlée par le tombé en arrondi et la femme se cache dans toute sa majesté.

Légende photo :  Balenciaga Archives Paris,
1967- Photo Kublin.

* * * * *











Les deux tenues ci-dessus n'ont pas manqué de m'évoquer la saga préférée de mon MaxiPirate : elles n'auraient en effet pas juré dans un des épisodes de StarWars !


 
Ce dernier ensemble nous a beaucoup plu pour ses lignes épurées, pour la composition des deux pièces qui font illusion lorsqu'elles sont associées et plus généralement pour l'élégance de sa simplicité (apparente !). 

Cette exposition m'a laissée une impression contrastée : un émerveillement devant la construction des vêtements, la richesse des tissus et des dentelles très belles ; l'exposition met bien en évidence les inspirations espagnoles du couturier (l'imprégnation catholique, le folklore ibérique, la tauromachie...).

En revanche, j'ai regretté une scénographie un peu austère dans un lieu industriel réhabilité qui ne restituait pas de chaleur (dommage pour un couturier espagnol !) ainsi que le peu de modèles présentés (à peine une trentaine !). C'était tellement beau qu'on aurait aimé en voir davantage !

Cela étant, elle m'a donné envie d'en apprendre plus sur ce couturier de génie qu'était Cristobal Balanciaga !

1 commentaire:

  1. De très beaux modèles (et je suis mdr de la comparaison avec star wars!!;)

    RépondreSupprimer

Merci de laisser un commentaire